Il y avait un métier à tisser appartenant à un certain Monsieur François Vivre.
Comment raconter son histoire ? En prenant le bois comme point de départ ? Je vois les cercles sur la chair de l'arbre, les anneaux qui donnent son âge. Mais pour voir ces anneaux-là, il faut trancher dans le vif, ôter à l'arbre la vie même que l'on veut mesurer.
Il n'y a pas que les anneaux. On pourrait retourner plus loin en arrière. Dire les circonstances de la germination de l'arbre. Ou encore plus loin, avec l'apparition des premiers arbres sur le sol Terrien.
Quelle part faut-il donner aux hypothèses, et quelle place réserver, au contraire, aux faits établis? Combien de détails inclure ; faut-il proscrire les descriptions ?
Ensuite, que dire sur le personnage de Vivre ; sur son histoire à lui ; son passé, ses circonstances actuelles, ses perspectives d'avenir ?
Il est évident que des centaines de milliers de pages pourraient être agréablement noircies de signes sans clôturer le sujet, sans obtenir de conclusion sur Vivre ni sur métier. Il en résulte que 4 mots sont beaucoup trop pour un titre quand il s'agit d'écrire un texte de dimensions raisonnables.
Il faudrait également prendre compte de l'éventuel lecteur. Si le but de l'écriture est de faire passer un message, il faut veiller à ce que le message garde toutes ses proportions. Cela ne revient pas à dire que plus un message est court, plus il sera lu et compris. Les paramètres sont nombreux. Les p'art-à-mètres sont non brieux. Les parc mètres s'embrouillent.
A bien y réfléchir, étant donné que d'innombrables tomes peuvent s'écrire sur le métier de Vivre, ne vaudrait-il pas mieux se pencher sur cette volonté de mettre en mots qui exécuterait sans compter ? Ne peut-on pas trouver un intérêt autrement essentiel dans son fonctionnement à nu ?
François Vivre a jeté son métier à tisser au feu. Fini les soirées obscures au coin du feu à s'user les mains et les doigts et les yeux à fabriquer du tissu pour un patron qui, lui, se faisait tirer par des chevaux.
Du pain, du fromage, une gourde d'eau dans son sac à dos et la route était à lui.
On ne l'a plus revu.
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